Recommandation
du Conseil Scientifique de Département MPPU
A l’issue de
la réunion du 8 juillet 2008
Sur diverses
utilisations des indicateurs bibliométriques
Le Conseil Scientifique de
Département MPPU a discuté à plusieurs reprises
de la place croissante des indicateurs bibliométriques dans
les processus d’évaluation, de leur intérêt,
mais aussi de leurs effets pervers. Des discussions similaires ont eu
lieu dans d’autres départements, ce qui a conduit à
des convergences lors des discussions de préparation du plan
stratégique du CNRS.
Ainsi, le texte final (paragraphe
3.3.1) précise-t-il:
«L’évaluation,
qu’elle concerne des chercheurs ou des unités de recherche,
s’accompagnera d’un cahier des charges et d’une mise en garde
contre l’utilisation exclusive de critères quantitatifs. Si
le taux de publication est un indicateur qui est pris en compte «
raisonnablement » dans le fonctionnement actuel, il ne peut
être le seul critère de qualité. Les dérives
visant à donner à la bibliométrie un rôle
prépondérant, voire exclusif, s’accompagneraient d’un
certain formatage des carrières et d’effets pervers pour
l’activité de recherche : minimisation de la prise de risque
scientifique, minimisation de la mobilité thématique,
frein aux échanges public privé, stratégies
de citations. Ce sont autant d’effets qui vont à l’encontre
des objectifs du plan stratégique du CNRS.»
Le
CSD MPPU souscrit pleinement à ce paragraphe, et recommande
qu’il soit suivi d’effets dans le fonctionnement futur des
instances d’évaluations, tant pour les jugements sur les
personnels que sur les unités de recherches. L’évaluation
doit faire l’objet de débats contradictoires, pour approcher
le plus finement possible toutes les facettes d’une activité
scientifique.
Concernant l’évaluation individuelle
(évaluation périodique, promotions, concours), le rôle
des indicateurs, qui plus est lorsque la tendance lourde actuelle est
d’en privilégier un seul (le facteur H), devrait décroître
au fur et à mesure d’un processus donné d’évaluation,
et diminuer encore lorsqu’un dossier passe d’une instance plutôt
disciplinaire (comme un jury d’admissibilité) à une
structure plus large (comme un jury d’admission) où la
confrontation entre disciplines (et donc pratiques) différentes
rend leur pertinence moindre.
Les mêmes remarques
s’appliquent également aux processus d’évaluation
des unités de recherche. En particulier, le CSD MPPU, qui en a
débattu à deux reprises en présence de
représentants de la direction des partenariats du CNRS
(octobre 2007 et juillet 2008), souscrit à l’avis négatif
émis le 19 mai 2008 par le bureau de la CPCN, critiquant la
mise en place d’une fiche individuelle, lors du processus de
contractualisation des unités de recherche, faisant une très
large place à une accumulation de données
bibliométriques diverses. Ces données dépassent
de beaucoup les informations nécessaires à
l’établissement de la liste des «personnels publiants»
selon les critères définis par le ministère, et
ne paraissent pas rentrer dans le cadre «raisonnable»
souligné par le plan stratégique.
Comme la
CPCN, le CSD MPPU regrette vivement que le comité national,
organe privilégié de l’évaluation
scientifique, ne soit pas consulté de façon
systématique lorsque le CNRS met en place de nouveaux outils
d’évaluation scientifique.